Bitter Honeydew

Junger Mann hält fünf Melonen in Zwei Händen; Verkäuferstand in der Nacht, dunkel, einsame Strasse, Licht, Melonen; Odessa Gebiet, Ukraine, Osteuropa, Europa; 2010 © Kirill Golovchenko / Agentur Focus

Junger Mann hält fünf Melonen in Zwei Händen; Verkäuferstand in der Nacht, dunkel, einsame Strasse, Licht, Melonen; Odessa Gebiet, Ukraine, Osteuropa, Europa; 2010 © Kirill Golovchenko / Agentur Focus

Mann mit Flasche Wodka und Schaschlikspieße, Schaschlik, Spieß, Verkäuferstand in der Nacht, dunkel, einsame Strasse, Licht, Melonen; Odessa Gebiet, Ukraine, Osteuropa, Europa; 2010 © Kirill Golovchenko / Agentur Focus

Mann mit Flasche Wodka und Schaschlikspieße, Schaschlik, Spieß, Verkäuferstand in der Nacht, dunkel, einsame Strasse, Licht, Melonen; Odessa Gebiet, Ukraine, Osteuropa, Europa; 2010 © Kirill Golovchenko / Agentur Focus

Schublade mit Geldscheinen, Hrivna (ukrainische Währung),  Verkäuferstand in der Nacht, dunkel, einsame Strasse, Licht, Melonen; Odessa Gebiet, Ukraine, Osteuropa, Europa; 2010 © Kirill Golovchenko / Agentur Focus

Schublade mit Geldscheinen, Hrivna (ukrainische Währung), Verkäuferstand in der Nacht, dunkel, einsame Strasse, Licht, Melonen; Odessa Gebiet, Ukraine, Osteuropa, Europa; 2010 © Kirill Golovchenko / Agentur Focus

Viele Wassermelonen liegen um Baumstamm.  Verkäuferstand in der Nacht, dunkel, einsame Strasse, Licht, Melonen; Odessa Gebiet, Ukraine, Osteuropa, Europa; 2010 © Kirill Golovchenko / Agentur Focus

Viele Wassermelonen liegen um Baumstamm. Verkäuferstand in der Nacht, dunkel, einsame Strasse, Licht, Melonen; Odessa Gebiet, Ukraine, Osteuropa, Europa; 2010 © Kirill Golovchenko / Agentur Focus

The Eyes #3

14/11/2018

Bitter Honeydew

 

 

Images par Kirill Golovchenko

Texte de Christian Caujolle

 

Soir d’été. Il fait doux. Sur le bord de la route, assis sur une simple chaise en toile, un homme torse nu attend. Devant lui, des melons, des pastèques, jaunes, vert zébré de blanc. La scène est éclairée d’une simple ampoule qui diffuse le jaune d’une lumière sculptant dans la nuit un tableau presque romantique. Scène d’été que l’on retrouve ailleurs, sous d’autres latitudes, avec les mêmes fruits, d’autres aussi, des en-cas pour moment de pause. Ici, nous sommes en Ukraine. Les vendeurs viennent d’Azerbaïdjan, de Géorgie, d’Arménie. Mais cela n’a finalement guère d’importance, en ce qui concerne les images s’entend. L’essentiel reste cette perception apaisée d’un monde d’abondante douceur, de promesse de plaisir.

Il est rare que lorsque nous achetons ces fruits nous nous interrogions sur ceux qui les vendent. Kirill Golovchenko l’a fait. Il est allé voir derrière. Il s’est attaché à ces hommes et enfants qui vivent là, migrants d’un temps, saisonniers en survie économique qui installent, pour vivre, de fragiles cabanes. Et il les a saisis d’un coup de flash violent qui les découpe, de façon presque chirurgicale, au scalpel, sur un fond noir, uniformément noir. Ils deviennent des corps en tension, en perpétuel effort ou en abandon, jusqu’à lutter pour rester humains lorsque, Sisyphes indissociables de leur charge de melons d’eau, ils transportent les fruits empilés qui deviennent part d’eux-mêmes. Glanées de la même façon par la violence de la lumière, des bribes d’information, un fil électrique, des billets salis dans un tiroir, pointent sans jamais chercher à décrire des éléments de contexte. À celui qui regarde d’associer ces éléments cadrés sec, sans fioritures, à l’opposé de tous ces bons sentiments qui ont si longtemps encombré de larmes insipides les travaux à visée sociale.

Kirill Golovchenko, dans sa radicalité de photographe documentaire d’aujourd’hui, a su se débarrasser de toutes les conventions formelles concernant la construction du récit, l’usage « acceptable » du flash. Dans sa dépendance du réel tangible, la photographie peut servir à aller voir au-delà de cette douce apparence picturale croisée parfois au hasard d’une route un soir d’été. Alors, pour peu qu’elle ne soit pas bavarde, elle sait encore, mieux que d’autres outils, révéler. Des vies de douleur dont elle nous donne à voir la dimension physique, écorchée.


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