Circulation(s) 2019
Événements
10/05/2019
Circulation(s) 2019
Tous les printemps, l’espace artistique du CentQuatre Paris accueille le seul festival consacré à la jeune photographie européenne, Circulation(s). Depuis 2011, ce festival a vocation à faire émerger les talents, dans un esprit de liberté créative unique. Dès lors, cette philosophie nous permet, à nous visiteurs, de découvrir des oeuvres audacieuses et innovantes. Sans thème imposé, nous sommes invités à nous promener parmi les installations, pour découvrir des travaux plus étonnants les uns que les autres, et qui nous invite chacun à une réflexion sur la façon dont nous percevons et appréhendons le monde.
Cette année, le Focus de Circulation(s) est consacré à la Roumanie, avec quatre photographes: Iona Cîrlig, Mihai et Horatiu Sovaiala et Felicia Simion.
The Eyes vous présente ses coups de coeur pour cette édition 2019.
Camille Gharbi, « Preuves d’amour »
La série de Camille Gharbi, jeune photographe française, est une des plus émouvantes qu’on ait pu voir. Elle surprend d’abord par son dépouillement : un simple fond bleu-gris, sur lequel sont posés des objets courants, un coussin, une enceinte, un sac plastique. Cette mise à nu d’objets banals ne doit pas décourager, mais nous faire se pencher plus près de la photo. Sur le côté de chaque image, une liste de noms apparaît, suivis d’un âge et d’une date de décès : ce sont les victimes de ces objets.
Par la banalité des objets présentés, Camille Gharbi souligne la minimisation des féminicides en France, ainsi que l’absurdité de ces armes de crime, ce qui rend d’autant plus violente la réalité de ces meurtres.
En France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon, une statistique qui fait prendre conscience de la banalité de ces actes. L’artiste a repris les histoires de 251 femmes pour construire sa série, qui révèle un profond malaise sociétal dont il faut prendre la mesure.
Camille Gharbi est aussi exposée dans le cadre de « Circulation(s) Hors les Murs », à l’hôtel Fontfreyde (Clermont-Ferrand) et Gare de l’Est à Paris.
Ed Alcock, « Home, Sweet Home »
Photographe franco-britannique, Ed Alcock a récemment obtenu la nationalité française. À l’aune du Brexit, le photographe engage une réflexion sur la mutation de son identité personnelle, mais aussi celle du Royaume-Uni, son pays d’origine. Si la série reprend les couleurs de l’Union Jack, elle permet tout de même l’élargissement de la réflexion au sentiment universel d’appartenance à une nation. Entre photomontages et photographies mélancoliques, Ed Alcock nous emmène avec lui dans son voyage intérieur sur l’identité et la nationalité.
Dina Oganova, « Frozen Waves »
À travers une série de photographies en noir et blanc, Dina Oganova, jeune photographe géorgienne, nous parle des histoires qu’elle a entendu dans son enfance : des femmes, enlevées par des hommes avec l’aide de leurs amis, parce qu’ils voulaient les épouser. Parfois, elles ne connaissaient même pas leur prétendant. S’en échapper s’accompagnait d’une grande honte, puisque tout le monde pensait qu’elles ne sont plus vierges, et personne n’aurait voulu de ces femmes « souillées ». Pratiques courantes dans les années 1990 en Géorgie, l’artiste se rend compte en grandissant qu’elle a toujours cours.
Entre photographies intimes et témoignages glaçants de femmes victimes de cette pratique, Dina Oganova dépeint une coutume digne des histoires du Croque Mitaine.