Conversations, Vol. 1
Rémi Coignet
Une géographie de la photographie contemporaine
Conversations, Vol.1 est un ensemble de vingt quatre entretiens entre Rémi Coignet et les grands acteurs de la photographie contemporaine. Daido Moriyama, Anders Petersen ou Lewis Baltz reviennent sur leur œuvre et dévoilent leurs conceptions du livre de photographie. Au fil des entretiens se dessine une géographie de la photographie contemporaine.
Des entretiens avec :
MORTEN ANdERSEN
IRENE ATTINGER
LEWIS BALTZ
DANIEL BLAUFUKS
ADAM BROOMBERG & OLIVER CHANARIN
ELINA BROThERUS
RAPHAEL DALLAPORTA
JH ENGSTROM
BERNARD FAUCON
HORACIO FERNANDEZ
PAUL GRAHAM
GUIDO GUIDI
ROB HORNSTRA
PIETER HUGO
SYBREN KUIPER
JEROEN KUMMER ET ARTHUR HERRMAN
EVA LEITOLF
ETHAN LEVITAS
MIChAEL MACK
LESLEY A. MARTIN
DAIDO MORIYAMA
MAThIEU PERNOT
ANdERS PETERSEN
JOACHIM SCHMID
IVAN VARTANIAN
avant propos
Une observation est à l’origine de ces conversations. Les photographes, pour peu qu’on les lance sur leur travail, ont tous beaucoup à en dire. Mais force est de constater que l’on n’entend pas – ou trop peu – leur parole dans les médias. Il était dès lors fort tentant d’aller à la rencontre de ceux dont l’œuvre m’inspire.
Ces entretiens sont conçus autour d’un parti-pris : celui de se placer en situation de reportage. Généralement 30 à 45 minutes de conversation au cours desquelles il s’agit d’évoquer l’ensemble d’une carrière. Ils sont donc le point de vue d’un auteur sur son travail à un instant T. Sans repentir.
Mais, pour construire une conversation, il faut s’appuyer sur un objet, sinon elle n’est que bavardage. Partir des livres des photographes était, dès le départ, pour moi, une évidence. À cela, plusieurs bonnes raisons. Tout d’abord, le livre est mon domaine de prédilection. Ensuite, dans une œuvre, les livres sont des jalons, facilement accessibles et incontestables, quand le souvenir d’une exposition peut être fluctuant. Les photographes, pour la plupart, pensent leur travail en séries et bien souvent – au moins depuis William Klein et Robert Frank – le livre leur paraît la meilleure manière d’en fixer la forme, le rythme et les séquences. Pour reprendre la formule de John Gossage, le livre est une série d’images autonome qui forme une œuvre en soi. Raison de plus d’interroger les photographes sur ces ensembles plus complexes que l’addition d’images individuelles. Autre raison, l’histoire de la photographie est profondément liée au livre. Le tout premier, Photographs of British Algae : Cyanotype Impressions parait en 1843. Soit, 16 ans à peine après la première photo de Nièpce, Le Point de vue du Gras. Dès la deuxième moitié du XIXe siècle le livre s’est imposé en vecteur majeur de diffusion de la photographie. Cette histoire parallèle du medium a cheminé sans que nul ne s’en préoccupe outre mesure avant les années 2000. Aujourd’hui, il semble impossible de penser la photographie sans penser le livre. Enfin, l’une des meilleures raisons de publier un recueil était de mettre en évidence les liens, les dialogues (directs ou à distance) qui se nouent entre ceux avec qui j’ai conversé. Tel photographe a travaillé avec tel éditeur, tel autre avec tel graphiste, tel et tel ont été influencé par untel… Il me semble que se dessine ainsi une certaine géographie de la photographie contemporaine.
Ces conversations ont pour ambition de diffuser le regard porté par d’importants auteurs contemporains sur leurs œuvres et leurs livres qui en sont une part et une forme essentielles. Le livre de photographie étant le fil rouge, j’y ai adjoint des rencontres avec des éditeurs, graphistes ou curateurs.